L'Un est Deux
Réglons l'horloge interne à l'infini
Nous pensons trop à l'ennui des jours
Écoutons le soleil qui tape sur les secondes
Le rythme se martèle du son assoupi de la lune
Regardons les bruits, indifférents
Nos vies défilent dans l'espace
Arrêt instantané sur un son
Regroupement des voix imagées
Nos vies défilent sur des siècles
Aimons aimer
Aimer à l'éternité
Aimer l'homme dégagé du temps
Aimer les regards des instants
Les instants qui ne s'achèvent jamais
Observons la seconde éphémère dans son éternité
Préférons la nuit quand il fait jour à Minuit
Nous aimerions qu'on frappe à nos portes, pour nous annoncer
Que les montres n'ont plus d'heures
Le jour peut-il encore se lever ?
Il fait trop sombre dans les siècles
Vous n'avez rien compris
Le temps se passe sans nous
Et pourtant
Les réveils sonnent
Les matins se succèdent aux matins à n'importe quelle heure
Si on nous disait l'arrêt du temps, nous pourrions
Comprendre
Et le sang coule, imperturbable
Nos cœurs se stoppent,
Mais l'heure continue son avancée
Solitaire
Réagissons sur les minutes qui pleurent
N'attendons pas le présent qui suit
Que n'a-t-on vu le jour plus tôt !
Les pétales humains nous seraient apparus si translucides et la Terre
Si secrète en ses entrailles, on l'aurait vue en verre aux éclats de lumière
Nos rêves sont la fuite éternelle vers l'infini univers,
Nous voulons nager dans les transparences terrestres et nous survolons un monde opaque
Et les sons nous transpercent, nos lèvres se font musique et tous les bruits disparaissent
L'éventail des notes se multiplie jusqu'à devenir être
Nous sommes et nous passons à travers tous les hommes
Rêves, rêves
Perforons les chairs écarlates et crevons l'abcès de pensées confuses
Recréons le péché originel pour comprendre
Plongeons dans les tonalités du néant
Recueillons les premières larmes de sperme et sentons l'œuf éclater
Que nos rêves nous portent vers le futur !
L'avenir, suite de hasards, qui forme notre destin
Que nos rêves se fondent dans le hasard de la destinée galactique
Que nos rêves soient le fruit de ce futur
Que nos rêves soient hasards
Relions le début pour comprendre enfin
L'éternel retour
Remontons l'avenir pour penser l'origine
Délivrons-nous maintenant du futur humain qu'il y aura là-bas
La genèse est bavante de cris inentendus
Alors je repense et j'écris
Et de l'ivresse teintée
Au puissant jour,
Apparaît le faste de l'étincelle
Je n'oublierai jamais
Ce coup au cœur,
Cuivré d'ironie
Je n'oublierai jamais
Cette explosion de l'âme,
Étamée de sel
J'ai mal à l'homme,
Crevassé de ses membres
De la secte universelle.
J'ai mal au monde,
Fissuré de ses reins,
Écoulement sans faim
Et trituré dans sa chair d'encre,
Il ne peut s'amarrer,
Nul port, nul asile
Ne s'emboîtent à son rythme
Et j'ai peur de l'oubli
Du havre de son corps
Et je rêve sa vie,
En buvant son oasis,
Tout en perdant mon sang
Et je m'agrippe à sa peau,
L'espace se déchire
Et j'oublie ma peur,
J'effiloche son cœur
Pour arrêter sa course
Et mon murmure se perd,
Tout seul dans sa chair
Oublié sur le chemin,
J'étais allée trop loin
J'ai dépassé son regard,
Peut-être une lumière
Ou juste une étincelle.
Je n'oublierai jamais
Perdue comme j'étais
Au fin fond de sa vie
Et puis
Souvenir passé toujours présent
Au départ, le monde était vierge
Le principe était unique
On était l'un et l'autre
On était un et deux
Peut-être trois et quatre
On était tous les nombres
On était un et l'infini
On était le tout
Ou peut-être rien
On était le début ou la fin
On était l'univers sans limites
Divin et divine
Puis le principe s'est divisé
On est devenus un et un
Le Soleil s'est dissocié de la Lune
Et le sperme s'est mis à jaillir
Et l'ovule s'est mis en branle
La guerre des sexes commençait
Et au même moment
L'écoulement du temps
Et au même moment
Les dieux
Et au même moment
Pourquoi
Et depuis
Les principes se font guerre
Alors
J'appelle le destin. Il me répond :
« Quel est le jeu ? »
Je demande : « Quel est l'enjeu ? »
Amères sont vos lèvres, prières sont vos yeux
Des énergies conjuguées se penchent sur moi
Un cinéma de visages se déroule sous mes pupilles vagabondes
L'alarme blanche se déconnecte sous les siècles roulants
Où est-ce demain ?
Un rêve ensorcelé escalade les idées d'outre-terre
Il faut crever l'esprit du temps
Les forces initiales s'embourbent dans un fourmillement de pensées irritantes
« Mais qu'est-ce que vous dites ? »
Les destins assoiffés accourent, sens dégrisés, ivres de tenir le fil
« Réagissez ! »
« Regardez les pluies d'étoiles ! »
Souvent, une rumeur étrange semble couler du spectre infernal du son des vies
« Écoutez, le sens revient éternellement ! »
« Écoutez, les ondes crient en silence ! »
Le vacillement des pluies de l'âme emplit maintenant l'espace vaincu par les heures
« Pensez à l'inexactitude du temps ! »
« Allez voir les sons abstraits de l'air ! »
« Partez entendre les images de la mer ! »
Mais pour aller où ?
Les ailes tournent
Mais les plumes n'adhèrent pas
Infidélité de la colle obscure de l'âme
Je fuis l'univers statuaire
Les amandes pleurent
Et les arbres se tournent
Vers leurs fruits fatigués
Les statues de bois s'enracinent
La forme évolue
Et le poète dort encore
Recueil de pierres molles
Les couleurs avancent
Le temps court
L'espoir se remplit d'ailes collées
L'image tourne et se reflète
Mes yeux ouverts n'y voient plus rien
Les ailes tournent
Anorexie vivante
Des espoirs défendus
Les chemins se confondent
Au carrefour des ombres
Retour sans absence
Du silence des voix
Les siècles s'entrechoquent
Sur les fils de la vie
La toile, destruction de la toile
Il repense
Souvenirs mêlés de la genèse crachante
Les salives se rendent
Au destin incompris
Il se rappelle
L'origine du noir
Quand le tout s'est construit
Il retire les siècles
De sur son dos
Le destin s'est fendu
Il y est pénétré
Léger, malgré l'ombre grise
Il observe
Le tournoiement des ailes
Et les anges s'éclatent
Sur les parois tendues
Au loin, la nuit est lumière
Il scintille dans ses yeux
Des reflets d'impatience
Vite, amenez-le
Avant que ne se referme
L'inexorable futur
Il court avec les temps
Pour échapper aux siècles
Il n'aime que le présent
Enfin
Principe universel
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