samedi 23 janvier 2010

œil du ciel, moyeu du temps

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Il n’y a de chemin d’ici à Ailleurs
que les chemins tracés au préalable

depuis Ailleurs jusqu’ici.

RAVI RAVINDRA



Depuis un pli laiteux étiré le long de l’horizon, l’ouverture s’est faite à la verticale. Au point de jonction de ces deux droites, par le milieu de cette croix, s’est amorcée une rotation vers l’intérieur venue happer les consciences. L’aspiration des préoccupations avait laissé place au silence, les corps semblaient des exuvies ainsi vidés de leur substance. Une tumeur noire a alors empli le ciel et un squelette gigantesque en est descendu pour prendre chair dans la matière. La terre a joui. Les corps ont repris vie. Maintenant les souffles sont des chansons, les pas se posent à l’unisson et la planète tourne dans l’autre sens. Au ciel une croix marque le jour d’une pierre blanche. Les pensées traversent l’azur pour aller poser leurs œufs où bon leur semble. La vie ne fait que commencer, la mort s’est dissipée. L’eau s’est lavée, la terre désaltérée, l’air subtilisé, l’aube dérobée. Aurore nue, blanche et belle, Salomé d’albâtre. Les têtes sont tombées, les petits chefs ont capitulé. Les corps ainsi délestés ont pu remonter à la surface. Ils sont riches, ils sont offerts. Des étoiles les traversent. La foule est constellée. Émeraude l’amour nous a rodés. La mort érodés. Nous sommes la somme de tous les hommes aimés. Et la femme anima l’âme de cette somme. Nous y sommes. Oui, nous y sommes.

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