Je sais à présent quand se lèvera le dernier matin : lorsque la Lumière n’effarouchera plus
ni la Nuit ni l’Amour, lorsque le sommeil, devenu éternel, ne sera plus qu’un rêve, un seul rêve inépuisable. ________________________________________ Novalis, Hymnes à la Nuit.
ni la Nuit ni l’Amour, lorsque le sommeil, devenu éternel, ne sera plus qu’un rêve, un seul rêve inépuisable. ________________________________________ Novalis, Hymnes à la Nuit.
Les frontières se pétrifient. Les faveurs guérissent. Une sonnerie nous dépouille de l’accablante parure de l’oeil. Le feu des révoltes est froid désert. Je m’y suis abandonné, acceptant sa probabilité tandis que la douleur germait. Je découvris les squelettes brûlants d’une mort provoquée. Les chaînes fondaient, je m’accomplissais simplement. Hémisphère méprisé, je vis un coeur luxuriant, glaçon ardent où j’unis les genoux pour les jeter aux chiens. J’ai inventé, traduit en vertu une apparition (miroir, elle m’a regardé depuis une rive craintive car abîmée sous les âmes des colombes). Elle était comme possédée par son existence. Je fus transfiguré devant ses douleurs aux désirs fendus, les arêtes moqueuses de sa tendresse, les écailles chagrines ou animées de ses aspirations, la source de ses traits éclaboussés d’extases, par ses royaumes, ses bosquets, ses aigles, ses regrets, ses accords de sphinx, par l’adoration et par l’affliction de ses présages. Elle me consola comme on console un sommeil perdu. J’avais pris corps pour refléter son innocence. Élans glacés dans le vestibule du merveilleux, nous cognions contre nos ténèbres échauffées. Jamais plaintes ne furent si nostalgiques de se bercer. Et je la chante dans le couchant des couronnes où nos nuages devinrent brouillard. Désormais la vie pousse dans nos veines. Notre révolte sera notre visage suprême, nous y récolterons l’ouragan de notre enfance. Nos voix se sont unies pour déterrer le soleil et rendre aux fleurs leur éclat.
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