samedi 29 avril 2017

à l’arrêt

 Nous sommes les loups blancs de ces espaces ultimes. 
 Nous aimons cette distance, ce froid illuminé. 
 Notre vie est secrète. Elle n’est plus à nous. 

 Kenneth White, Terre de diamant. 





ceux qui parlent du silence 
n’y entendent rien 




j’ai écouté ce qu’ils disaient

j’ai dû couper à travers chants

mais j’ai pris tout mon temps

je leur ai laissé le leurre


ceux qui parlent du silence 
taisent l’essentiel 



ils soufflent des bulles
 en prenant la parole

  elles évoluent 
   sur fond de bruit blanc

    et quand elles éclatent
     ils ont perdu la voix
















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ceux qui parlent du silence 
ne se prononcent pas 



leur vie se résume
 à un bruit qui court
  qui court et court
   et court encore

    qui continuera de courir
     bien après leur mort


c’est la vie qui leur échappe
 depuis qu’ils sont nés 

l’échappée belle une colombe 

ils lui courent après
 en parlant de silence 

tout ce remue-ménage
 à croire qu’on n’est pas seul 

des simagrées


                            

 plongée dans le noir liquide 
   lèvres humides lumineuses 
     ta vie défile 
       mais ce n’est pas ta vie 


une mendiante farfouille
 dans les poubelles de l’âme

en tire un ou deux trésors
 des bribes de vie

        mais ce n’est pas ta vie         

hypothèque d’azur
 tu l’as échappé belle 

sinon quelques ratures
 qu’auras-tu écrit ? 

de rares souvenirs
 te scarifient
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hypothèque d’azur
 dans les poubelles de l’âme 

une mendiante te poursuit
 te réclame la dîme
  ce n’est pas ta vie 

nulle et non avenue
 tout juste une ruelle




tu
 l’auras
  tant
   aimée
cette
 cruelle

et
 désirée
pourtant
 elle a
  fait
   mine

de ne pas te voir
 tandis que la douce au revers

te couvait du regard
 mais ce n’est pas ta vie

te couvait du regard
 et pourtant c’est la même
    lèvres humides lumineuses 
        la bouche s’ouvre 
            une main surgit 
                t’emmène 








 


 plongée
    dans  
  le noir  
 liquide  

                        tu touches le fond   
      d’une vérité qui n’existait pas   
                   qui s’invente pour toi   


à la renverse

de rares étoiles
 se rappellent ton existence

tu les découvres
 qui te rappellent ta présence

  qui te rappellent 
             tout court



  à première

vue  le jour
  se serait levé pareil

mais à y regarder de plus près
    le soleil tournerait 
      à l’envers

 ou bien ce sont mes yeux ?















                                               photos     Severin EttlinEXPOSE – Allein unter Menschen