mercredi 21 décembre 2022
PURES COÏNCIDENCES
lundi 12 décembre 2022
soleil enfoui, trêve millénaire
taillez enfants aux yeux d’air et d’eau les belles
allumettes
le signe qui manque
l’être qui demande se correspondent
l’être qui demande
le corps indique le langage le temps de retrouver sa parole
la pierre qui roule
la porte qui s’ouvre n’aboutissent plus dans la forêt mais au bord de la rivière
la porte qui s’ouvre
la lumière immobile trahit la présence d’un soleil enfoui au centre de la silhouette
identité idée d’une entité une et indivisible infime quantité indifférenciée de l’invisible dont elle est entière entièrement hantée |
mardi 22 novembre 2022
rétrospective
À ma connaissance, nous n’eûmes vent des événements que longtemps après qu’ils survinrent. À la réflexion, je dirais même que c’est nous qui les avons convoqués afin qu’ils accordent un semblant d’explication à l’étrangeté au beau milieu de laquelle nous nous étions, depuis des temps avérés immémoriaux, retrouvés. Car s’il était certes patent que le caractère étrange soudain conféré au réel demeurait désormais notre évidence quotidienne, au point même d’en devenir normal, l’immuabilité de cette nouvelle donne, qui de jour en jour semblait définitivement supplanter le monde tel que nous l’avions jusqu’alors habité, effaçait peu à peu le souvenir de ce que nous croyions avoir connu auparavant et qui ne subsistait plus qu’en tant que sentiment fugace, incertain, voire douteux, si bien que ce qu’il nous restait de nous-mêmes n’était plus précisément que ce nous même de chacun d’entre nous. Nous nous étions donc retrouvés, et collectivement, et singulièrement.
Mais pour cela il nous fallut passer par la nécessité d’expliquer. C’est là que nous en vînmes à invoquer des raisons plus ou moins fantaisistes à la situation qui, nous le pressentions, paraissait n’être pas ce qu’elle aurait dû. Nous estimions en effet qu’elle avait des devoirs, des comptes à nous rendre et, non, définitivement non, nous ne nous y retrouvions pas. Nous dûmes faire des efforts d’imagination, inventer une histoire, des histoires, toutes sortes d’histoires que nous nous racontions en guise d’éclaircissements. Car il fallait bien clarifier, sinon même s’excuser d’en être arrivés là. Et c’est ainsi, en invoquant ces raisons, en s’inventant ces histoires, que nous nous sommes invoqués, convoqués, réinventés.
Nous reprîmes nos esprits, nous fûmes partis de rien pour revenir à nous.
Mais pour cela il nous fallut passer par la nécessité d’expliquer. C’est là que nous en vînmes à invoquer des raisons plus ou moins fantaisistes à la situation qui, nous le pressentions, paraissait n’être pas ce qu’elle aurait dû. Nous estimions en effet qu’elle avait des devoirs, des comptes à nous rendre et, non, définitivement non, nous ne nous y retrouvions pas. Nous dûmes faire des efforts d’imagination, inventer une histoire, des histoires, toutes sortes d’histoires que nous nous racontions en guise d’éclaircissements. Car il fallait bien clarifier, sinon même s’excuser d’en être arrivés là. Et c’est ainsi, en invoquant ces raisons, en s’inventant ces histoires, que nous nous sommes invoqués, convoqués, réinventés.
Nous reprîmes nos esprits, nous fûmes partis de rien pour revenir à nous.
vendredi 11 novembre 2022
la vertu des mortels
C’est les yeux ouverts que nous scrutons la nuit cachée derrière le sommeil. Nous rêvons debout et veillons allongés. Nous sommes morts aux yeux de la vie mais bien vivants entre les plis de la mort. Tous autant que nous sommes, nous vivons seuls sous son linceul. Nous savons qu’elle a vidé la vie de toute veille pour l’endormir d’un sommeil de plomb. Mais nous veillons tout de même, c’est en dormant les yeux ouverts que nous veillons. Nous nous voyons dormir. Et le réel dévale de nos yeux délavés par la nuit.
lundi 8 août 2022
chemins de traverse
un cœur qui bat traverse la nuit
la nuit traverse le cœur
le cœur de la nuit qui bat qui bat
ça nous traverse et nous emporte
la nuit le cœur nous emporte à la renverse
alors nous débattons du cœur de la nuit
dans nos transports au sein de la nuit
qui nous traverse au fil du pouls
tout au long de la nuit
et c’est ainsi qu’à la nuit tombée
le cœur prend la relève
le
ciel
une passerelle d’oxygène
consolide la terre ferme
elle ouvre l’air
j’embrasse la mer en enterrant le ciel j’emmerde le ciel s’il ne m’entend pas
mais je m’y entendsà enterrer père et mère et tous leurs enfants
qui font semblant d’être mes frères alors qu’ils le sont depuis toujours même s’ils ne le savent pas
j’enterre ma mine de déterré
et je déterre un trésor
que je tiens tout contre
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