mardi 21 décembre 2010

(dé)libération à huis clos

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Je ris merveilleusement avec toi. Voilà la chance unique. Je ne puis être et ne veux vivre que dans l’espace et dans la liberté de mon amour. Nous ne sommes pas ensemble le produit d’une capitulation, ni le motif d’une servitude plus déprimante encore. Aussi menons-nous malicieusement l’un contre l’autre une guérilla sans reproche.

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╰╯╰╯╰╯╰╯╰╯╰╯╰╯╰╯╰╯╰╯╰ René Char, Lettera amorosa.






entre les eaux du temps en cercles
tu m’as dessiné le sas
assassiné la boucle
tu m’as tendu le fil
défié l’inéluctable
tu m’as donné la vie

entre les ondes désorientées
j’ai porté la fréquence
fréquenté l’intangible
je t’ai prise pour cible
la flèche de l’âme en toi fichée
le raccord de nos râles
agrippés à la montée

enola manola gaie
élague aux aguets la gangue
nous savons le langage des anges
bombardés de notre cuirasse
et nous prêtons à leurs feux
afin qu’ils prennent corps
c’est la seule vérité qui nous y engage

nous passons en revue l’extase de nos vies
défuntes et à venir
comme tu me fais venir
dans ton propre futur
lavé de toute erreur

le beignet du présent dont je suis le baigneur
enrobe le fruit souple de la marée montante
le point de gravité de nos pôles échangés
renverse la bascule
licorne émasculée et cyclope œdipien
nos blessures font front sous les froufrous du rire

la limaille sédimente
l’aimantation nous hante
quand la peur s’éparpille à la pointe du progrès
et nos coulées de fièvre font enfler nos hivers

la craquelure du givre que trahissent les lèvres
traduites en justice à l’encolure du pouls
s’affole à la vigie d’un mirage persistant

notre amour est la rétine de l’éternité
dont nous sommes les pupilles
la liqueur de nos sexes en demeure la prunelle

entre les eaux de vie tu m’as donné le temps
en bandant le regard de nos visions étroites
j’ai ouvert le passage
tu t’y es engouffrée comme je tombais à pic
et tu m’es revenue
quand le rêve s’est fait chair
sur la rive du ciel où nous nous attendions



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