vendredi 3 décembre 2010

un ange en filigrane

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Tendre du papier sur le mur avec des punaises, ou ouvrir un carnet de dessin.
Couvrir la main droite de papier doux (essuie-tout, papier hygiénique...), afin d'éviter de tacher le support.
Essayer de regarder, en imaginant ce qui pourrait se passer sur, ou "dans" cet espace ouvert.
Essayer de distinguer ou d'identifier, entre les vagues de passage d'images mentales, chaque élément actif de ce que je vois intérieurement.
Attendre que le dépôt de l'imaginaire tombe et disparaisse.
Une fois que les éléments restants, résistants ou consistants sont repérés, imaginer de les positionner rapidement, selon ce qui se passe comme événement sur le support.
Le premier coup de pinceau ou de stylo, de ce qui trace...
Se rendre compte que tout ce qui a été imaginé en préparation n'est plus valable, et qu'il est en train de se passer des choses inattendues.
Se laisser inspirer la suite par l'élément dessiné et le vide qui l'entoure.
Dessiner un autre élément.
Se laisser inspirer la suite par les éléments dessinés et le vide qui les entoure.
Continuer ainsi, jusqu'à ce que le dessin soit terminé.
Voilà comment mes dessins sont faits. Ce sont les étapes de base par lesquelles je passe, généralement, pendant ma création. Mais ce n'est pas non plus une méthode automatisée, ni automatisable.

Selon les formats du support, selon aussi les outils et les échelles des éléments dessinés, ce que je ressens du sujet, l'attention portée et la façon dont le dessin s'organise varient subtilement et en permanence.
Les petits formats sont comme des chansons improvisées, mais chantées haut, au lieu d'être fredonnées.
Les grands formats peuvent être comparés à des narrations où se met en jeu une façon de voir un sujet. C'est un peu comme la réalisation d'un film. Pour pouvoir raconter une histoire, parmi d'innombrables possibilités, il faut bien en choisir une. Chaque étape du dessin opère de cette façon un choix et oriente l'ensemble du travail.
C'est ce qui est le plus difficile, mais c'est aussi ce qui est jouissif.

Chaque dessin est ainsi le produit de choix, souvent faits de façon instinctive — ce sont des sortes de réflexes ou des intuitions, une production spontanée de mon cerveau, de mes sens, une expression de ce qui me constitue. Ces dessins révèlent une part d'intériorité plus intimement que ne le feraient des radiographies. Ce sont des traces de vie et de pensée.

立石 綾
: texte & dessins : Aya Tateishi :

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