samedi 20 novembre 2021

la mesure du possible

Au chevet de nos cœurs
                          l’amour dépose
La frissonnante nouveauté des mondes.

 Boris Pasternak, Par-dessus les barrières

La Flor   

   




la cime des arbres
ramures de la mémoire 
de la nature
m’invite songeuse 
à pénétrer 
dans ses pensées 
tandis que les murmures des herbes 
me font goûter 
aux ondulations
de l’inconscient 
de la terre 
sous l’audacieuse caresse du vent 


plus bas l’on perçoit le souffle
qui nous a menés jusqu’ici
 

la vie

se mesure

à l’éternité

qu’elle aborde

et qui la déborde

 

la vie a pris

toutes ses mesures

avec la vie




les masques s’amenuisent

leurs commissures se déchirent
et libèrent les sourires

les tensions se résorbent
sous l’orbe des fronts bas
qui entendaient mener la ronde


j’ouvrirai le jour 

au milieu des formes 

avec un grand cœur 

mon sang et mes soupirs


pourtant le ciel s’écartera de notre vue

 

nous naviguerons à la boussole des sensations enracinées 

dans nos membres endormis 

 

on étudiera le rêve tel un territoire 

 

nos explorations n’en seront que plus illusoires 

 

nous passerons notre temps à nous perdre 

et le temps lui aussi se passera de nous

 


nous nous passerons de tout 

 

enfin nous serons dépassés par nos aspirations et lorsque nos racines 

se confondront en excuses nous repousserons la terre dans notre élan 

 



portant le ciel

à bout de bras — l’air grincera tout autour — nous serons le refuge des pensées oisives transfusées d’oxygène dans l’espace mental

vendredi 19 novembre 2021

l’infime nous intime

LA TERRE ÉTAIT TELLEMENT ÉPRISE DE SA PROPRE BEAUTÉ QU’ELLE AVAIT CRÉÉ UN MIROIR 
POUR ILLUMINER SES CREVASSES LA NUIT

LA FLOR                                                                                                                                            JENNI FAGAN, LES BUVEURS DE LUMIÈRE.

 la lune

 


        a fait le plein
                de nos rêves

                        et les couve
sous nos pauvres paupières

          obstinément fermées

                  devant l’horreur


des papillons de nuit recouvrent les visages 

un fleuve humain emporte les mensonges 

le temps se brise dans son reflet 


le bon sens se dérobe et la raison se prostitue 


des cœurs roulent à terre à peine mûrs 

mais c’est parce que l’indifférence les piétine 

que la terre en est gorgée


alors des mains 

multiples
et invisibles 

se déplacent
à travers l’espace 

elles nous traversent 

nous fouillent nous explorent 

nous parcourent nous 


trouvent ce dont nous n’avions pas idée 

ou si peu si vague si infime au creux de nous 

et nous l’apportent en offrande 

ce trésor que l’on croyait dépassé 

ce présent que nous n’avions pas su nous 


 offrir

 


jeudi 18 novembre 2021

la lune remise à jour


La Flor                                                                                                   
aux  
abords de l’éclipse   

        une envie
        faute de mieux se retire
        s’en retourne aux confins   






mercredi 17 novembre 2021

Je vais, je sais que je n’avais pas besoin d’avoir envie de savoir pour me savoir en vie.


  Il 

y a

 


un moment où
le corps est disponible.

La Flor   

Parler avec les rêves, 
ma main est dans mes ailes.

Ceci est un signal clair que je ne sais pas parce que je vais.

Je vais, mon corps est la vie de toute vie.

Et l’amour vient en premier,
mangeant mon âme.

Qui sait que je ne sais pas.
Parce que je vais, ivre de vie, parce que je sais que je ne sais pas.

Parce que ne pas savoir me suffit pour vivre.

Et aimer à tue-tête,
jusqu’à ce que la vie nous répare.


mardi 16 novembre 2021

les murmures ont des oreilles


La Flor     





C’est un air entêtant que personne n’entend mais qui nous hante quand on n’y entend plus rien, quand ça nous chante de ne plus entendre ce qui se dit, quelques notes hors de portée nous exhortant à retrouver dans le fouillis de tout ce bruit la clef des champs, franchir la ligne mélodique d’un enchantement qui nous enfante à chaque instant, qui nous accorde... la vie.

La vie non pas à la va-vite mais à l’invite inopinée, innée, inespérée, inouïe, inattendue mais attentive à la venue du tout-venant et s’en allant, fidèle à son élan, fertile, patiente, fût-elle parfois futile et toujours parfaitement inutile, la vie rêvée versus un réel usurpé, la vie de rêve à la renverse, la seule qui vaille et nous traverse.: la vie.

lundi 15 novembre 2021

l’alphabet du ciel


« Lorsque l’ange fait signe
Nous savons que ce qui est né de nous
    ne cessera plus d’advenir
En avant de nous, à notre insu
    soudain nous dépasse, nous sauve » 

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  FRANÇOIS CHENG
Le Livre du vide médian” (À l’orient de tout)
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La Flor

 toujours à la traîne 
 de l’alphabet du ciel 
 je confine aux transports 
 des étrennes 
 et touche du doigt
 la voûte qui m’envoûte
 qui m’envoie ravi
 qui m’élit de peu
 qui me survit



le langage des anges est tout entier contenu dans le corps d
une simple mésange et son message se lit à la volée 

il fait coïncider le banal avec l’étrange et ne se déchiffre qu’à la nuit tombée fenêtres grandes ouvertes mais yeux fermés