dimanche 2 avril 2017

mots-valises : manège d’images, paysages envisagés







LE VOYAGE, OU L’ERRANCE 
DANS LA SIDÉRATION DES MOTS…




 mots en relief




Le voyage,
«.Aventure.» coincée entre ce qui doit être (adventūrus, participe futur) et ce qu’agite le hasard (la diseuse et l’aventureux).


Voyager,
«.Errer.», iterare, un mouvement et un but, origine confondue — XVIe siècle — avec errare, «.se tromper.»… alors l’errance, la nôtre…


Et ses récifs,
«.Se réfugier.».: «.fuir.», enveloppé deux fois, un réfléchi et un itératif, pli et répétition, espoir deux fois jugé et condamné.


Un ailleurs-embuscade,
«.Stress.» (emprunt à un mot anglais lui-même lié à «.estresser.» — XIVe siècle — de stringere, «.resserrer.») et «.angoisse.» (angustius) sont affaire de resserrement, de bâillon et d’embuscade… la gorge et l’attente.


Un ailleurs prodigieux,
Le «.monstre.» latin est bête de foire ou présage (l’extraordinaire prévient, prépare…) avant de gargouiller sur des cathédrales, une fois le «.mal.» pétrifié dans sa fuite de gouttière. Aujourd’hui, il répond aux lignes tracées en effaçant les barres, horreur bondissante, rien.

«.Rien.» est une chose, la res n’a pas toujours été publique… et si elle fuit l’itératif et la note, c’est dans la précipitation — et toujours dans une boucle.


Si le voyage est de monstre, la fuite est ronde. Mots arrachés à leur histoire et rendus aux images…




Le «.manège.» 
(maneggiare, «.manier.») 
comme un dressage, 
le bras de l’homme rayon… 
ronde de hublots et d’enfants.
«.Carrousel.», tire-lire de craie disputée par les cavaliers napolitains, jeu de pendule et de sable.





Le «.manège.» comme rouerie, 
et machination, 
«.manœuvre habile.» 
(Saint-Simon, Mémoires, 
(1740-55), tour, nœud et raison… 

   
 
«.Le Manège d’Andréa.» (Nantes), merveille steampunk. Photos.: Philippe Maïsetti.


Quand l’«.attraction.» tire (trahere) vers (ad) elle les êtres, plateau circulaire et baudruche centrifuge.

Si «.détourner.» est de persuasion («.façonner au tour.»), «.divertir.» intègre une «.étrangeté à soi.» et «.distraire.» injecte la violence du «.déchirement.».

Le mot est Protée, histoires trébuchantes de ces sens qu’on porte comme on pose sa cigarette (Léo Ferré).


Le voyage est territoire vectorisé.






errance à rebours du voyage
territoire contre carte
le train ☆ être et passer  couleurs



24 heures de cheval pour atteindre les limites du département 
50 minutes de train ordonnent la gravité parisienne 
et quelques unités de fréquence, une couleur… 

le territoire est une vibration… comme les couleurs 
le pouvoir contrôle les fréquences et les étalements 
à la mesure des compromissions 

le voyage en train la nuit, comme une glissade cernée de miroirs… 
le dedans à peine troué par les feux des villes percées, tantales et vaines 

le voyage en train le jour 
comme une mise à mort de la pendule et de son monde 
ce qui revient dans la syncope de ce qui oublie 

dans le crissement des choses, occuper les mots… 
le train du professeur Y déraille-t-il toujours ? 
fronts de mer et de guerre





          


                                 Photo : Mircea Tătuc





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Manu Larcenet, Le Rapport de Brodeck (Dargaud).







le matin 
comme un voyage… 

tard, 
on y dessine sa vie 
comme d’autres 
«.posent leur cigarette.»



Clamp, XxxHolic (Glénat).
être monstre ou ne pas être… 

emprunter monde, 
œil et volutes 
de celui qui voyage 

funambule et dimensions





Ça a débuté 
comme ça.

incipit

voyage/travail fantôme

une fois achevé, vinrent les aubes, les yeux…

train-passage

Jacques Tardi, Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit (Futuropolis).













ET l’errance s’est écrasée
dans une boucle d’être


frontière comme hurlement toujours                       membre coupé et prothèse hantée 

voyage au-delà de la main et du cri 

 

Hirotsugu
Hamazaki,
Texhnolyze.

  




voyage à jamais le point de fuite
défilé grillagé qui n’est plus temple
  

peindre non «.l’être.» 
mais «.le passage.» (Montaigne) 

 


Akiyuki Shinbo, Bakemonogatari.









                                                                                                      


Si le territoire est une vibration
et la carte une oscillation pendulaire,
alors l’errance, alors les seuils franchis…
au-delà des couleurs.


 


Taiyou Matsumoto, Sunny.





 les obliques 

       du voyage

    et la nuit qui dévore
ceux qui résistent encore


devenir-courbe du voyage
et quelques points de fuite de partage
passages




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     Philippe Maïsetti             
sources : ici et   

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