mardi 17 novembre 2015

retenu par ailleurs (l’être en poste restant)



C’est cela au fond des corps — tous les corps —, cette première vibration qui a enroulé la vie dans des formes et des formes, qui s’est encroûtée, durcie, schématisée, mais on casse un peu ou on gratte un peu l’habitude, et c’est là. C’est là instantanément, c’est l’être de ce qui bouge, de ce qui dort, de ce qui mange et tue et oublie, oublie tellement ce qu’il est. En chaque chose, il y a cette Vibration lumineuse, dorée, impérative — qui est nécessairement toute-puissante.  
Alors nous avons la clef du nouveau corps, parce que c’est la clef de tous les corps jamais fabriqués sur cette planète. C’est la Matière première du monde, la vraie Matière. 
Une sorte d’onde très particulière.
Satprem, Mère — La Mutation de la Mort


Il ne fait pas bon être dinosaure en ces temps qui courent. Il ne fait pas bon courir en ces temps qui se précipitent à leur fin. Il ne fait pas bon mourir comme qui dirait courir et plutôt que pourrir sur place pourquoi ne pas perdre la face en plein vol comme coupé l’élan par le faux la faux la faucheuse et son cortège de pleureuses. Il ne fait pas bon vivre parmi ceux qui se meurent. Il ne fait pas bon être à temps à point nommé à corps perdu temps mort. Il ne fait décidément pas bon être dinosaure.

Encombré de vieux os fossiles ton squelette au cul de basse-fosse. Laisse-le donc là. Dépouille-toi de ta dépouille et rejoins-toi tel que tu te vois. Il ne fait pas bon être autre que tel que te voilà.

Te voilà donc nu. Délesté de chair de nerfs muscles et os en poussière quelques organes subsistent. Orgie de lumière en tes organes. Tu es l’organe de la lumière. C’est la lumière qui t’organise te recompose en d’autres gammes. Tu joues le jeu de cette lumière. Tu jouis le jour à déshabiller la nuit qui te compose. C’est la lumière qui te déjoue. Et tu t’y perds. Tu es l’orgasme de la lumière. Tu erres en d’autres gammes, tu ruses un peu encore, parfois t’amuses, souvent t’oublies. Tu t’y retrouves toujours mais tu ne sais pas qui. Ou quoi. Ça te dépasse. Ça te dépasse et ça t’appelle. Alors tu vas, tu te laisses là, tu t’abandonnes. Mais tu t’y retrouves toujours.




Le silence ne s’écrit pas. Il est une musique qui t’accompagne depuis toujours alors c’est toi qui l’accompagnes en lui prêtant l’oreille à te fermer les yeux. Tu es né du silence depuis toujours et pourtant tu l’entends. Depuis la nuit, avant même la nuit. C’est une musique qui te précède en te poussant à l’exécuter de la meilleure façon qui soit. En exécutant cette musique tu t’exécutes. Et c’est alors que tu réalises que cette musique — le silence — n’avait pas besoin de toi pour exister depuis toujours. Mais il t’a fallu réaliser cela, en passer par cette musique, pour te comprendre. Comprendre que tu étais compris par cette musique et dans cette musique pour embrasser le silence qui te comprend depuis toujours. Ta partition est vierge. Les mouvements du silence épousent des accords invisibles. Parfois, ils prennent forme. Une partition coïncide avec une autre partition. On les dirait identiques. Après le silence, avant le silence, elles fusionnent. De là naît une musique inédite. L’inconnu confine au sublime. Tu es tout à l’écoute. Et tu goûtes à un nouveau silence. Il n’y a plus de partition, plus aucune musique, l’idée de silence a tout bonnement disparu. Tu ouvres les yeux.

Aucun commentaire: