lundi 8 novembre 2010

dissolution d’énigmes

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Comme l’abîme étoilé eût parlé,
Lui qui semble toujours,
Par le silence et par les astres,
Interroger la race misérable
Aux âmes éphémères !

P a u l . V a l é r y




Eh toi, fenêtre, ouverture de la grisaille, que fermes-tu
.?

Je ferme le froid sans cacher sa couleur. Mêlé au froid, l’espoir est là, vous le voyez sans jamais le sentir.; il fuit à l’ouverture, renaît à la fermeture.



Eh toi, pâleur, carreau de la couleur, qu’absorbes-tu.?

J’absorbe le vif et laisse place à l’uniforme.



Eh toi, l’aube, socle du quotidien, qu’écoules-tu.?

J’écoule le temps et rappelle ce nouveau jour, celui qui dans mes yeux m’éblouit, celui qui me rappelle la névrose nocturne, celle passée dans ces bras ou ces draps, dans une folle bataille contre le parfum de l’envie. Je découvre le corps, je découvre la passion, délaisse le présent.; j’absorbe de ma peau polarisée la caresse d’une main. Et garde la trace du souvenir. Dans la plus grande incertitude, je ferme les yeux et attends le jour suivant.



Eh toi, silence, plateau de l’écrit, qui enivres-tu.?

J’enivre le bruit pour faire vomir le non-sens. Acide et nauséabond, je rappelle que les mots sont nés de l’inexprimable. On note le silence. On note la peur. Toutes ces notes sont mélodieuses. Et je rentre dans la mort les yeux ouverts.



Eh toi, le réveil, fil de l’esprit, que détends-tu.?

Je détends la nuit, en rallumant les lumières.



Eh vous, pudeur, barreau de l’envie, que postulez-vous.?

Je postule votre regard, celui qui feint l’intérêt.



Eh toi, l’œil, bouchon de la réalité, que remplis-tu.?

Je remplis l’esprit d’hallucinations simples qui fascinent celui qui me possède. Persuadé de mon authenticité face à une réalité loin de la vérité, je le possède bien plus qu’il ne me possède.



Eh toi, renaissance, cordage de l’histoire, qui jalouses-tu.?

Je jalouse l’oubli et le futur, ceux qui fascinent tant ce présent, et laissent croupir notre beauté à la lueur d’un écran.



Eh toi, fluidité, aiguille de la fin, que tournes-tu.?

Je tourne les vents, je tourne les courants, je laisse les eaux suivre leur cours au gré de la pesanteur, puis s’échapper en lambeaux dans la salinité des océans, pour finir en embruns, sous l’onde de la vague, à la rencontre de la falaise, dans un souffle porté par le vent. Je remonte et tourne, jusqu’au bras de cette promeneuse qui, sous la pluie, d’une marche agile, parcourt le bord de mer. Je la retrouverai dans les bras d’un jeune homme qui, la tenant par la taille, la fait tourner dans son élan, au rythme d'une valse vénitienne. Tout reste fluide, même à l’état solide.



Eh toi, habitude, paramètre de l’ennui, qui aimes-tu.?

J’aime celui qui me reconnaît, celui qui voit en moi une compagne.; bien que triste, je suis fidèle.; certains m’apprécient car je ne déborde pas de la ligne fermée de l’esprit. Je ne diverge pas, je stagne. Mais j’aime aussi celui qui me fuit, car me croyant loin de lui, il me retrouvera bien vite.




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.–T─R─I─S─T─A─N–.
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