jeudi 19 août 2010

garder le silence

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Tout est affaire de silence.
Vous vous y ferez, les mots c’est encore de la révolte
Quand celle-ci est dominée vous n’avez plus besoin de l’escorte
Du vocabulaire rampant
Et cependant
Le ciel est là qui cherche ses montagnes,
Et les monts cherchent la vallée,
La vallée près d’être en allée
Se ranime dans la campagne
Et devient à son tour montagne.
Le ciel cherche d’autres vallées.

Jules Supervielle,
Quelqu’un.








à son aigle chacun se sera reconnu
s’enluminera éponge
dans les nuées du dénuement le plus total
non arbitraire mais volubile
avec la fille de l’air par l’onde accomplie

car la victoire s’impose d’elle-même
sans fierté aucune
reliquaire de ses saints innocents
auxquels l’amour naguère tant pleuré
donne la becquée
des petits bouts de Madeleine
déjà envolée
par une porte dérobée

une rose a éclos depuis la fin d’un temps
la sécheresse n’a plus cours dans le lac de fortune
chaque onde est un délice
et la trame s’apaise et le drame s’épuise
nous tenons tous d’Alice la clé des lys

aggiornamento (qu’ose tout jour)

.





Le rêve est assis entre ses deux bourreaux
et ce sont eux qui pâlissent

Edmond Jabès, Sur le socle des mers.




docte heure attribution causale
les sourires lenticulaires peuplent le ciel d’augures potentilles
que des pendules régulent perpendiculairement

un contre-feu s’invente une vie de jeune fille
surprise le soir du bal par une pluie battante qui l’emporte au manège

pas un pas pas un geste pas une mimique rien
ni murmure ni soupir ni soulèvement de poitrine
n’auront fait défaut dans le livre décompte

comme les créatures se fondent en un seul point d’honneur
le déploiement des gorges assure à l’auditoire une orgie de grelots
quand le chant cloche-pied de la pensée légère se révèle à l’envers
couvé par deux grands yeux de part et d’autre de son lit de fortune
dont les lignes de force se tissent depuis le méridien du cœur

et même si la proxémie ne souffre aucune allégorie
l’embellie adoucira les anges par l’envergure de leurs ailes



miroir sans temps

.
Dans tous les espoirs, on prend une musique d’apaisement.
Le temps est silencieux.
Il furète, hirsute dans les pensées.
Les ruelles, les cours, les cases rouges de son cerveau appellent les hommes.
Ils volettent, s’emparant de son cœur.
Alors d’un monde lointain la sorcière parla.
Elle sollicita les saisons, la pluie, la race des filles et l’argent poudre grisâtre.
Elle affirma le langage des souvenirs.
Elle but le lait de la paix, de la liberté, et pleura à en mourir dans ses cheveux tressés de coquillages.

Laurence Muguet-Rosa




J’ai regardé ce miroir.
C’est blanc, propre, net,
comme ton cœur.
Lala




Je suis une montagne qui voit au loin cinq yeux différents qui m’épient. Mais le pire c’est que je vois de travers et chacun de ces cinq yeux me montre une image différente. Quoi, qu’entends-je
.? Un groupe de touristes me grimpe dessus et on dit que ces cinq yeux étaient finalement cinq fenêtres. Moi qui croyais avoir tout compris du haut de mes milliards d’années, finalement j’en apprends tous les jours.


Kader Bencherif



Je suis lovée dans son corps de déesse.
Ses longs bras me protègent.
Ses cuisses puissantes m’enlacent.
Son ventre créateur me soutient.
Je me réfugie dans ses seins généreux.
La douceur de sa peau me réconforte.

Je suis le fruit de ses amours intenses.


Arielle


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Atelier d’écriture à la bibliothèque de Bonneveine,
Marseille,
le 3 juin 2010, avec Cultures du Cœur.
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samedi 7 août 2010

ce que je (re)garde d’elle

.
— C’est pas de la politique, c’est du cul.
— Non, c’est pas du cul, c’est de la politique.

Jean-Luc Godard, Numéro deux.




la proximité des étoiles
des éclats de rire à franchir le mur du son
à s’affranchir de tout soupçon

à se pâmer l’âme
se damner l’amnésie
s’amender l’anamnèse

une connivence intacte
un miracle par seconde poétique

la grâce qui soudain nous illumine
désarmés

et nos larmes évaporées

l’amour appris par cœur
l’amour apprivoisé

la parfaite inconnue
d’une enfance renouvelée



codeX

.
Quelqu’un qui voyage en moi me traverse. Je suis devenue sa maison.
Dehors, dans le paysage noir à la vache mugissante, quelqu’un prétend exister.


Unica Zürn, L’Homme-Jasmin.



sortir de l’enclos

que l’échange soit équitable


coups étouffés à travers la paroi


fission des fissures


ruines à clins


misère de façade précipitant son déclin


mystère de façons dépanopliées


passage phénix


du code carbonisé au code dit amant


aventurine pour émeraude


une pierre d’éternité en son cœur vibrant