lundi 11 janvier 2010

éclaboussures, ombres emmitouflées

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Visible, nous le verrions, le poète ; voyant, il nous verrait ;
et nous pâlirions dans nos pauvres ombres,

nous lui en voudrions d'être si réel,

nous les malingres, nous les gênés,

nous les tout-chose.


RENÉ DAUMAL




C'est l'heure où les yeux finissent d'éclore aux promesses du jour. On s'accroche du regard avec le vague espoir d'une déviation dans la ligne de mire, mais sans trop y croire. On reste emmitouflé. On est préservé de son propre désir. On court à sa perte parce qu'il le faut bien. Cela fait belle lurette que l'on a condamné l'enfant à rester au piquet. Le jour de l'échappée, le loup se fera un plaisir de le croquer. Dès lors, la porte du bercail restera close sur les souvenirs — qui oserait l'ouvrir_? Et l'on se relève comme chaque matin à l'heure où les yeux éclosent aux promesses du jour.


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Les mots, des mouches, toujours à se cogner contre la vitre de la page. Ce qu'il en reste
_: traces, éclaboussures, taches. Combien d'entre eux parviendront-ils à traverser la vitre, briser la glace_? Combien d'entre eux encore en vie parmi ceux vus depuis l'autre côté_?


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